Présidentielle en Iran : M. Rafsandjani condamné à rester dans les coulisses
Les élections n'ont jamais réussi Akbar Hachémi Rafsandjani. Il en a perdu deux de façon particulièrement humiliante, législative en 2000 et présidentielle en 2005. Et aujourd'hui, alors que certains le voyaient déj comme l'homme battre de la présidentielle du 14 juin, parce qu'il pouvait enfin espérer une vague de soutien populaire, le voici interdit de concourir.
Sauf retournement spectaculaire, Rafsandjani, 78 ans, est ainsi renvoyé dans les coulisses de la République islamique, où son influence lui a valu d'être surnommé "le requin". Un jeu de mot : l'expression persane "kouseh" signifie la fois "requin" et "glabre", allusion sa barbe, qui se résume quelques filaments dans un pays où la pilosité est un symbole politique et religieux. Cela n'a pas empêché une carrière stupéfiante : révolutionnaire irréprochable, intime de l'ayatollah Khomeyni, il fut président du Parlement puis président tout court de 1989 1997 avant de diriger le Conseil de discernement, une instance d'arbitrage, ainsi que la vénérable Assemblée des experts, jusqu'en 2011.
De fait, aucun politicien en ne dispose d'un tel réseau : de sa province natale de Kerman, dans le sud, aux écoles théologiques de Qom en passant par les milieux d'affaires, Rafsandjani est partout. L'homme est riche : maître de l'exportation des pistaches, il a été propriétaire de la seconde compagnie aérienne du pays, Mahan Air, a des intérêts dans la production automobile et a lancé les omniprésentes universités privées Azad ("libres").
ASSASSINATS POLITIQUES
Ses adversaires l'appellent aussi Akbar Chah, "grand roi", ou roi Akbar. Car les Rafsandjani, c'est déj une dynastie. Deux de ses filles et un de ses trois fils ont joué des rôles importants dans les affaires et la politique, couronnés par des ennuis judiciaires. Au temps des réformateurs, de 1997 2005, Akbar Gandji, (...)